C'est trop facile...

Deyt, le cuisinier richement habillé, se tenait sur un banc du temple de Shallya, il regardait Laus préparer son office à laquelle il n'assistait jamais, et il le regardait comme si le prétre avait tous les torts dans toutes les histoires du monde.
Drumy, la jeune moine qui avait fait connaissance de Deyt il y a peu, arriva à ce moment, l'halfelin lui sourit, mais elle avait remarqué le regard plein d'amertume qu'il venait de faire peser sur Laus.
"Qu'est ce qu'il t'arrive Deyt, tu as l'air en colére"
"Non, puisque tu es là, tout va bien" Deyt n'avait jamais été doué avec les femmes, il venait de le prouver une fois de plus, Merem étouffa un petit rire, et laissa les deux jeunes gens seuls.

Il existait un vieux jeu halfelin consistant à chanter doucement un couplet, l'interlocuteur devant poursuivre, Deyt pensa que c'était le meilleur moyen de faire comprendre à Drumy son état d'esprit en ce sombre jour....il commenca donc à chanter du mieux qu'il put, le résultat fut.........écoutable

"C'est trop facile de rester dans un temple
et d'y prier toute la journée
face aux statues qui dans la lumiére qui tremble
ferment les yeux
pour mieux nous ignorer"

La jeune moine posa sa main sur la joue de Deyt et enchaina
"Tais toi donc, gentil Deyt
que connais tu des grands dieux ?
un cantique, une image,
tu n'en connais rien de mieux"

"C'est trop facile quand les guerres sont finies
d'aller geuler que c'était la derniére
amis aristos vous me faites envie
ils ne voient donc pas nos cimetiéres ?"
Deyt pensait à tous les siens morts pour défendre leurs champs et leurs maisons, Drumy connaissait trés bien la situation de Mittelberg, elle poursuivit sans hésitations pourtant, une main compatissante toujours posée sur la joue de son ami

"Tais toi donc, gentil Deyt,
laisse les donc crier,
laisse les pleurer de joie,
toi qui ne fus même pas soldat"
En effet, si le roublard avait donné son sang pour Mittelberg, il avait toujours refusé l'idée de s'engager dans les gardes en riant. La gorge légérement nouée, il poursuivit quand même...

"C'est trop facile quand un amour se meurt
aprés se l'étre, bassement, approprié
d'aller geuler comme les hommes pleurent,
comme si l'amour durait l'éternité"
Il attendait anxieusement la réponse de la douce, elle ne tarda pas et d'une voix paisible....

"Tais toi donc gentil Deyt,
que connais tu de l'amour ?
des yeux bleux, des cheuveux courts?
tu n'en connais rien du tout"
L'halfelin accusa le coup, car Drumy n'avait tort dans aucune de ses réponses, ses yeux le percaient à jour sans qu'il arrive à mentir avec sa facilité habituelle, il mit trop de temps à trouver quoi répondre, et la moinesse finit la chanson...

"Dis toi donc, gentil Deyt,
dis le toi bien souvent,
c'est trop facile, c'est trop facile...
c'est trop facile ......de faire semblant."

Le dernier couplet avait touché Deyt bien plus qu'il ne se l'avouerait jamais, il baissa la tête, Drumy lui ébouriffa les cheveux en souriant, le cuisinier ne savait plus quoi faire, chose rare, ni quoi dire, chose qu'on aurait cru impossible, il se leva ,fit son sourire le plus charmeur à Drumy, ce qui donna un sourire légérement idiot pour tout observateur avisé, lui bafouilla quelque chose à propos d'un travail urgent, et s'en alla, il se trompa de coté et finit dans la bibliothéque du temple, l'hafeline le regardait d'un air compatissant et amusé.

Deyt Grimage

(D'aprés "Grand Jacques"chanson piquée sans vergogne au trés grand Jacques Brel ,je le supplie de ne pas me maudir pas pour ce massacre, c'est la faute à Deyt )